With or Without you [Charper]

Voilà trois ans jours pour jours qu’elle avait rompu avec lui, c’était dur pour elle comme pour lui. Difficilement elle se servit un énième verre, celui là elle ne pris même pas la peine de le déguster, le liquide coula dans sa gorge, brulant au passage les derniers centimètres de paroi qui n’étaient pas encore totalement engourdit par les litres d’alcool ingurgité depuis le matin. Pourquoi avait elle fait ça, la réponse lui paraissait certain jours très flou, elle l’avait fait pour lui, pour qu’il avance, pour que sa douleur s’apaise tout en sachant que la sienne ne ferrait qu’empirer. C’était sans doute l’acte le moins égoïste que Charlotte King avait fait dans sa vie, du moins elle tentait de s’en convaincre, se convaincre qu’il finirait par l’oublier, qu’il cesserait de l’observer à travers la vitre de son bureau lorsqu’il croyait qu’elle ne le voyait pas. Certes elle ne le voyait pas mais elle pouvait le sentir, toute cette peine, cette souffrance qu’elle lui avait fait subir, tout cette souffrance que Lee McHenry leur avait fait subir.
Personne ne savait, personne ne savait que ses jours de repos elle les passait recroquevillée dans son lit à pleurer toutes les larmes de son corps, que chaque soir en rentrant chez elle, la bouteille de vodka n’avait que quelques heures à vivre, personne ne savait qu’elle l’aimait à en crever, qu’elle l’aimait tellement qu’elle l’avait fuit pour lui donner une chance de vivre heureux. La journée elle l’ignorait autant que possible, lorsqu’ils devaient travailler ensemble et qu’il devenait trop dur pour elle de ne pas le toucher, de ne pas l’embrasser, de ne pas sentir la chaleur de son corps elle l’envoyait balader avec des remarques assassines, elle tentait de lui faire croire qu’elle le haïssait et pourtant…
Le verre lui échappa des mains et s’écrasa au sol se cassant en mille morceaux, tout comme son cœur. Elle se mordit la lèvre pour ne pas hurler, hurlé de désespoir, de colère. Doucement elle se laissa glisser sur le canapé, attrapant en même temps le vieux T-shirt usé qui se trouvait par terre. Comme bien trop souvent elle était complètement soule et elle ne trouvait rien de mieux que de renifler ce bout de tissu dont l’odeur de Cooper avait disparut depuis longtemps. Les larmes commencèrent à couler, en silence. Lee McHenry lui avait tout pris, sa fierté, sa joie de vivre et Cooper. Ce dernier avait toujours été là pour elle, mais elle n’était pas arrivée à se remettre de l’agression aussi vite qu’elle l’aurait espéré, ce cauchemar la hantait jours et nuit et sa souffrance détruisait Cooper à petit feu. Elle le voyait, il s’inquiétait constamment pour elle, ne dormait pas la nuit pour la surveiller, la souffrance de l’homme qu’elle aimait était encore pire que la sienne et intérieurement elle savait que c’était de sa faute.
Allongée là, elle mourrait, elle mourrait d’amour pour le seul homme qui ne l’avait jamais aimé. Aujourd’hui il avait eu son premier rendez-vous depuis trois ans, Charlotte avait entendu Sam et Pete en parler et elle avait eu mal, une douleur atroce telle une lame qui s’enfonçait centimètre par centimètre dans son cœur. Pourtant elle avait tant voulu qu’il refasse sa vie, c’est pour cela qu’elle l’avait lâchement quitté d’une manière si horrible lui laissant croire qu’elle ne l’avait jamais vraiment aimé, qu’elle s’était forcée à jouer la comédie. Mais la réalité lui faisait trop mal, c’était trop dur pour elle, plus dur encore que de surmonter son viol.
Petit à petit l’alcool prenait le dessus et elle s’endormit rapidement, recroquevillée sur elle-même, le T-shirt contre son visage.

Sa tête la faisait horriblement souffrir, affublée de lunette noire, Charlotte traversa le hall de l’oceanside wellness group afin de se prendre un café, très serré de préférence. Habituellement rien de sa détresse ne transparaissait au bureau, tout le monde était persuadé qu’elle allait bien mais aujourd’hui la douleur était pire que d’ordinaire et elle avait du mal à la cacher derrière ses lunettes teintée. Alors qu’elle se versait une tassé, elle reconnut immédiatement les bruits de pas derrière elle.
Oh…souffla une voix masculine sans aucun doute mal à l’aise de se retrouve ici, face à Charlotte.

Vas voir ailleurs Cooper. Cracha-t-elle les dents serrées.

Cooper se passa maladroitement une main derrière la nuque, elle était au courant pour le vieille, il ne pouvait en être autrement sinon elle aurait fait comme chaque jours, elle l’aurait ignoré avant de partir se réfugier dans son bureau.

Charlotte je…souffla t’il ne sachant pas vraiment quoi dire.

Pas là peine de te trouver des excuses tu baises qui tu veux ! Répondit-elle sèchement sans pour autant le regarder.

Une boule lui serrait la gorge, s’en était trop pour elle, ne prenant pas le temps de sucrer son café elle sortit et se rua dans son bureau. Rapidement elle baissa les stores et se laissa tomber sur le divan incapable de tenir plus longtemps sur ses jambes. De rage elle renversa le peu qui se trouvait sur la table basse, sa respiration était de plus en plus rapide et ses tremblements devenaient incontrôlables, la crise de nerf était proche. La tête entre les mains elle ne pouvait contenir ses pleurs.
C’est alors que la porte s’ouvrit…