L'histoire se déroule en 1958, dans une petite ville de Caroline du Nord. Landon Carter a 17 ans, est fils de bonne famille et est en dernière année de lycée. Jamie Sullivan est la fille d'un pasteur, on ne la voit jamais sans sa bible et son éternel chignon. Celle-ci est toujours vêtue des mêmes modestes vêtements et est dévouée à tout le monde. Au cours d'une pièce de théâtre, où ils interprètent les personnages principaux, Landon a le coup de foudre pour Jamie lorsqu'elle fait son apparition sur scène. En la raccompagnant chez elle, Jamie lui dit :
"Promets-moi de ne pas tomber amoureux de moi". Pourquoi dit-elle ça ? Parce qu'elle a une leucémie et qu'elle est condamnée...
"Voilà mon histoire. Je promet de ne rien vous cacher.
Sans doute rirez-vous d'abord ; ensuite vous pleurerez...
Ne dites pas que je ne vous ai pas prévenus."
Cette phrase résume à elle seule les sentiments qui m'ont envahi et tiraillés pendant les deux heures et demi qu'il m'a fallu pour le lire.
L'auteur raconte son histoire du point de vue de Landon Carter, adolescent de 17 ans dans les années 50. Sa famille est riche, très riche et n'a pas forcément obtenu ce statut par des moyens très honnêtes mais lui, il n'y peut rien. Il a grandi choyé par sa mère, pas réellement une fée du logis, en l'absence de son père, sénateur. Il n'est pas réellement antipathique ou arrogant. Il ne fait pas partie des plus populaires mais il est pour le moins apprécié. Ce n'est pas un tombeur de première mais quelques unes ont le coeur chaviré par lui. Landon n'est pas bête mais il ne brille pas par ses notes en classe. Il n'est pas un mauvais bougre mais il aime bien traîner avec ses copains, manger des cacahuètes au cimetière la nuit ou embêter le pasteur Sullivan parti en croisade contre
'les forniceurs'.
On sent la plume audacieuse, le franc parler d'un adolescent, même si ça se déroule dans les années 50. Il est drôle. Réaliste sur ce et ceux qui l'entourent. En définitive, on s'attache à lui. Peut être parce qu'il nous ressemble. Qu'il n'est pas parfait et en est conscient.
Tout l'inverse de Jamie Sullivan, la fille du pasteur. Toujours en cardigan marron et jupe plissé, avec un éternel chignon, elle avait le don de faire culpabiliser toutes les personnes qu'elle rencontrait. Elle se promenait toujours avec une bible à la main, était d'une gentillesse extrême, aider toujours son prochain, rendait visite aux orphelins, ammenait aux vétérinaires les animaux blessés...
"Enfin au-delà de tous ces handicaps, elle m'agaçait surtout par la constance de sa bonne humeur. Quoi qu'il arrive, elle était contente. Je jure que cette fille n'a jamais prononcé une seule critique sur qui que ce soit, même à l'encontre de ceux d'entre nous qui ne la ménageaient pas. Elle marchait dans la rue en chantonnant et saluiait les étrangers qui la croisaient en voiture. Parfois, en la voyant passer devant chez elles, des ménagères s'empressaient de lui offrir un morceau de tarte au potiron ou un verre de limonade s'il faisait chaud. Tous les adultes l'adoraient.
- Quelle adorable jeune fille! s'exclamaient-ils chaque fois que son nom surgissait dans la conversation. Le monde serait meilleur s'il y avait plus de gens comme elle.
Mes amis et moi ne partagions pas cet avis. Une Jamie Sullivan, cela faisait déjà une de trop."
Et pourtant.
Pourtant, en même temps que Landon, on apprend à découvrir Jamie. Elle s'avère plus complexe qu'une simple adoratrice de Dieu. Derrière ces apparences, elle cache une adolescente comme les autres. Et c'est ce que Landon se rend compte progressivement. A ses côtés il devient meilleur. Le roman se distingue en ceci du film et s'en retrouve magnifié. Les différentes choses que Landon fait, il les réalise volontairement : l'inscription au théâtre, l'obtention du rôle principal, les services qu'il rend à la fille du pasteur. Parce que pendant une bonne moitié du livre, elle n'est que ça. Et on ne peut que sourire ou rire devant le franc parler de Landon, même si au fond, on est comme lui, attendri par elle. Elle déconcerte. Elle vous chamboule. Sans même que vous en rendiez compte. Jusqu'au soir de la représentation théâtrale.
"Dans la pièce, Tom Thornton est ébloui par la première apparition de la mystérieuse dame. C'est pour cela qu'il l'accompagne quand elle va partager Noël avec les plus démunis. -Que vous êtes belle! s'exclame-t-il dès qu'il la voit. Je devais vraiment donner l'impression que ces mots venaient du coeur. Ce passage essentiel donnait le ton à la suite. Malheureusement, je n'avais toujours pas trouvé le bon registre. Je connaissais mon texte, mais quand je regardais Jamie, je ne lui trouvais rien d'extraordinaire et je manquais de conviction.
[...]
Je me souviens de l'avoir regardé, bouche bée, un long moment avant de me rappeler soudain que je devais dire une réplique.
-Que vous êtes belle! me suis-je exclamé dans un souffle et je crois que tous les spectateurs, des vieilles dames aux cheveux bleus à mes amis du dernier rang, ont senti que je le pensais vraiment.
J'avais enfin trouvé le ton juste."
A partir de ce moment, on passe du rire aux larmes. Landon nous avait pourtant prévenu. Même si la plupart d'entre nous, moi la première, savont la fin inéluctable de cette histoire, elle chamboule bien plus que le film. Ce livre est une véritable merveille, même si ce n'était pas ce que je disais ce matin avec le nez de la taille d'une patate et le visage ravagé par les larmes. L'auteur trouve les mots justes dans une simplicité déconcertante pour définir ce qu'un adolescent de 17 ans peut ressentir lorsqu'il apprend que celle qu'il aime pour la première fois de sa vie est mourante et qu'il l'accompagne dans ces derniers instants. Mais il trouve également les mots adéquats pour retranscrire la douleur d'un père à l'idée de voir s'éteindre à feu lent son unique enfant, après avoir perdu sa femme. On souffre avec eux. On pleure avec eux. On est en colère avec eux. On vit avec eux.
Tout ça pour vous dire que ce livre est réellement merveilleux. Je vous le conseille réellement. Il m'a bien plus ému que le film (et ça faut le faire : vous êtes au courant). Il m'a touché plus profondément. Peut être parce que Landon y est différent. Peut être parce que si ça s'était passé de nos jours, ça ne se serait pas terminé ainsi. Peut être parce que il nous fait entrer davantage dans la psychologie des personnages. Peut être à cause de tout ça à la fois.
Si vous ne deviez lire qu'un ouvrage cette année, ce serait celui-là. Je vous le recommande fortement. Il n'est pas cher (5-6€), pas volumineux (un peu plus de 200 pages) mais oh mon Dieu ce qu'il est beau. Par contre comme le dit si bien Landon :
"Sans doute rirez-vous d'abord ; ensuite vous pleurerez...
Ne dites pas que je ne vous ai pas prévenus."